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A qui voudrait s’intéresser au domaine du trading dans l’arc lémanique – le négoce de matières premières (sucre, coton, cacao, pétrole) -, on souhaite bonne chance! Rien n’est plus caché que ce monde de négociants ou de traders qui, se positionnant entre le vendeur et l’acheteur, fait de son métier une source énorme de richesse et de plus-value économique. Or, comme l’affirme Ivan Pictet, président de la Fondation Genève Place Financière, «la région lémanique est devenue aujourd’hui l’un des centres mondiaux du négoce et du financement du commerce international. Plus de 500 sociétés de trading – dont les grands céréaliers et d’importants groupes pétroliers – y ont basé leur siège ou une représentation de leurs opérations internationales.»



Des milliards de francs

Des chiffres, peut-être? Genève, grâce au trading de pétrole, est devenue aujourd’hui la première place mondiale de vente ou d’achat de pétrole russe, et talonne de près Londres pour le négoce de l’or noir mondial. «Pour le seul négoce de pétrole, ajoutent les responsables de Genève Place financière, on estime aujourd’hui que quelque 20 milliards de francs sont échangés chaque année sur Genève, soit au, bas mot, le quart des transactions mondiales d’or noir.»

Cette proportion explose encore nettement si l’on ne prend en compte que les transactions de pétrole russe second producteur mondial derrière l’Arabie saoudite  pour lesquelles 75% des échanges passent par Genève.

On estime dès lors aujourd’hui qu’entre Lausanne et Genève, le tiers, voire la moitié des ventes mondiales de grains, de sucre, de jute ou d’or noir passe par les bords du Léman. Ainsi – et même si étrangement, aucun chiffre n’est disponible – les recettes fiscales du négoce équivalent aujourd’hui à celles du secteur bancaire ou horloger. «Depuis l’affaire Khodorkorsvki, lors de laquelle Poutine a signifié la fin des oligarques russes, nombre de négociants de pétrole russes ont voulu s’établir dans l’arc lémanique et, surtout, y payer leurs impôts», nous confie ce trader genevois, lié à un géant du pétrole russe basé à Genève.

Eh oui! Depuis l’emprisonnement du plus célèbre magnat du pétrole moscovite, «toutes les sociétés de trading russes établies au noir en Suisse ont préféré sortir de l’ombre, plutôt que de se voir poursuivies, voire sanctionnées par Moscou», confie encore ce trader.

Un métier à risques

Depuis lors, Genève, et maintenant Lausanne, sont devenues les plates-formes favorites des grands groupes pétroliers non anglo-saxons. Lukoil, Mercuria, Addax, Louis-Dreyfus Commodities, Total, Gunvor Services ou Sempra Oil Trading: la liste est longue des sociétés de négoce – dont le rôle «se borne» à acheter pour le compte de la compagnie Y des tonnes de riz, de jute, de coton ou de pétrole qu’ils livreront, avec commission, au vendeur Z – à avoir choisi les bords du Léman pour y établir les uns leur siège mondial, les autres, une succursale.

Mais qu’on ne s’y trompe pas: ce métier est un métier à risque (lire ci-contre), car le trader s’engage pour l’acheteur à lui fournir le meilleur produit au meilleur prix. Quitte, sinon, à payer la facture.