Deux votants sur trois rejettent l’initiative exigeant que les TPG deviennent gratuits.
L’ampleur du rejet est la véritable surprise de la votation sur l’initiative «Pour la gratuité des Transports Publics Genevois». Seuls 32,8% des votants ont en effet accepté le «cadeau» que désirait ardemment leur offrir A gauche toute! en instituant les Transports Publics Gratuits. Pire pour les initiants, pas une seule commune, ni même un arrondissement, n’approuve l’initiative.
La partie semblait pourtant loin d’être jouée car la proposition était en apparence alléchante. Visiblement, l’argument de la perte d’un financement indispensable au maintien et au développement du réseau a dû porter (une centaine de millions de francs par an aurait manqué à l’appel).
Une partie des Genevois n’a pas voulu prendre ce risque, alors que ceux qui n’utilisent pas les TPG ont vraisemblablement refusé de payer pour les usagers. Un cumul de non qui aura été fatal à l’initiative. Et qui enchante le député radical Gabriel Barrillier: «Un oui aurait immédiatement relancé une guerre des transports sur le financement compensatoire», assure-t-il.
Un Conseil d’Etat soulagé
La joie du Conseil d’Etat est à la hauteur des craintes que l’initiative a suscitées: «Ce rejet extrêmement net est une satisfaction et un soulagement, commente Robert Cramer, magistrat de tutelle des TPG. Car si le oui l’avait emporté, cela aurait conduit à une détérioration considérable de la qualité des transports publics.» L’écologiste est tellement content qu’il n’hésite pas à recycler le résultat sous forme de «plébiscite de la politique de développement des transports publics très volontariste du Conseil d’Etat». C’est sans doute aller un peu loin. Qu’une petite formation, appuyée uniquement par les syndicats, obtienne 33% de oui peut aussi être interprété comme un petit signal d’avertissement. En clair, les tarifs font tout de même grincer les dents de nombreux Genevois.
Les partisans furieux
En réalité, Robert Cramer ne ferme pas tout à fait la porte à une réflexion sur la politique tarifaire, même s’il estime que les critères sociaux sont déjà largement pris en compte actuellement. «Il est possible que cela puisse évoluer, lâche-t-il. Des projets sont du reste étudiés en Commission des transports» (lire ci-dessous).
De leur côté, les partisans de l’initiative affichent la mine des mauvais jours et ne cachent pas leur colère contre le «lâchage» de leurs alliés naturels. «Ni les Verts ni les socialistes ne peuvent crier victoire, tempêtent Luc Gilly (SolidaritéS). C’est une défaite aussi pour ces gens-là et, surtout, pour toute la population. Ces partis ne proposent rien pour lutter contre la pollution, si ce n’est de rester chez soi quand il y a des pics.»
Philippe de Rougemont, membre du comité d’initiative, renchérit: «Le développement des transports publics est insuffisant à Genève si l’on veut combattre le réchauffement climatique. La gratuité était un premier pas indispensable pour obtenir un transfert modal massif. Cela aurait peut-être d’abord concerné des piétons et des cyclistes, mais cela aurait ensuite continué avec les automobilistes.»